Les animaux sont-ils brevetables? L’opinion d’un agent de brevets
LESANIMAUXSONT-ILSBREVETABLES?L’OPINIOND’UNAGENTDEBREVETS
par
ThierryOrlhac
*
LEGERROBICRICHARD,avocats
ROBIC,agentsdebrevetsetdemarquesdecommerce
CentreCDPCapital
1001Square-Victoria–BlocE-8
eétage
Montréal(Québec)H2Z2B7
Tél:514-987-6242-Fax:514-845-7874
info@robic.com–www.robic.ca
INTRODUCTIONETMISEENGARDE
En1988,lecollègeHARVARDs’estvudélivrerunbrevetaméricain
1surune
sourisdite »transgénique ».En1992,aprèsunelongueprocéduredevantla
Chambredesrecoursdel’Officeeuropéendesbrevets,l’équivalent
européen
2decebrevetaméricainaégalementétédélivré.
Dansl’unetl’autrecas,ceciasoulevéletollédediversgroupesdepression
s’opposantàl’octroidebrevetssurdetellesinventions.Uneprocédurede
réexamendubrevetaméricainaétédéclenchéeauxÉtats-Unis,ainsiqu’une
procédured’oppositionàladélivrancedubreveteuropéenenEurope.Ceci
afaitl’objetd’uneimportantecouverturemédiatiqueetamêmeconduitau
dépôtd’unprojetdeLoidevantleParlementeuropéenenvuede
réglementerlapratiquedansledomainedelabiotechnologieetmême
d’empêchercarrémentl’octroidebrevetssurcegenred’invention.
Ilexiste,semble-t-il,plusieursdemandesdebrevetsquiseraientactuellement
eninstanceauxÉtats-Unis,enEuropeetdansdiversautrespaysdontle
Canada,surdesinventionsdumêmegenre.Cesdemandessonttoutefois
LÉGERROBICRICHARD,1994-1996-1997.
*Agentdebrevets,ThierryOrlhacestl’undesassociésprincipauxducabinetd’agentsde
brevetsetdemarquesdecommerceROBIC,s.e.n.c.auquelestassociélecabinetd’avocats
LEGERROBICRICHARD,s.e.n.c.Cedocument,danssaformeinitiale,aétépréparépourfins
dediscussiondanslecadred’uneprésentationdonnéesouslethèmegénéral«L’être
humain,l’animaletl’environnement:dimensionséthiquesetjuridiques»organiséparle
CentrederechercheendroitpublicdelaFacultédedroitdel’UniversitédeMontréalle
1994.06.16;cedocumentaétésubséquemmentpubliédansLEROUX(Thérèse)etal.dir.
L’êtrehumain,l’animaletl’environnement:Dimensionséthiquesetjuridiques(Montréal,
Thémis,1996),auxpages305-314.Uneversionreviséeaétépubliéà(1997),9Lescahiersde
propriétéintellectuelle413-423.Cedocument,d’informationgénérale,neprétendpas
exposerl’étatcompletdudroitsurlaquestion.Publication203.
1Brevetaméricainno
4.736.866délivréle12avril1988.
2Breveteuropéenno
169.672délivréle13mai1992.
« bloquées »pourdesraisons,ànotreavis,beaucouppluspolitiquesque
juridiques,etceblocagedemeureraprobablementjusqu’àcequeles
autoritésgouvernementaleslégifèrentouquelestribunauxtranchenten
interprétantlesloisactuelles.
Qu’enest-ildoncvraiment?Quelestleproblème?Enfait,y-a-t-ilréellement
unoudesproblèmes?
L’exposéquisuitestuneréponseàcesquestions,formuléeparunpraticien
enmatièredebrevetsdontlepointdevueestforcémentbiaisé.Eneffet,
commentunpraticiengagnantsavieàdéposeretobtenirdesbrevets
pourrait-il,sansêtredemauvaisefoi,êtrecontrel’octroidebrevets?Peut-on
demanderaupatrond’unerôtisseried’êtrecontrel’élevagedespoulets?
DÉFINITION
Avantdecommencer,ilconvientbiensûr,dedéfinircequel’onentendpar
« animaltransgénique ».
Unanimaltransgéniqueestunanimaldontlescellulesgerminalesontété
infestéesparunsegmentd’ADNétrangerdemanièreàcequetoutesles
cellulesdel’animalproduitesparreproductionconformecontiennentcet
ADNétranger.
LafameusesourisbrevetéeparHARVARDestunanimaltransgénique.Cette
souriscontientdanssescellulesunoncogèneconnusouslesigleC-mycqui
faitqu’elleest »naturellement »cancéreuse.Elleestprésentedoncunetrès
grandeutilitépourdesétudessurlecancer.
Pourpréparerunanimaltransgéniquetelquelasourisd’HARVARD,on
prélèvedesovulesfertiliséesetoninjecteinvitrounADNétrangerdansces
ovulesfertilisés.Onréintroduitalorslesovulesdansl’utérusd’unemère
porteuse,cequipermetauxembryonsdesedévelopperetéventuellement
deproduireunenouvellegénération.
Despoissonstransgéniquesontdéjàétéproduits.Cespoissonssontpréparés
delamêmefaçonquelasourisd’HARVARD,exceptéqu’iln’estpas
nécessairederéimplanterlesoeufsdanslamèreporteusepuisqueles
poissonsutilisentunprocessusdefertilisationexterne.Despoissonsrésistant
auxinfectionsviralesouaufroidontainsiétéproduits.
Desanimauxtransgéniquesplusgrostelsquedesmoutons,desporcsoudes
vachesontégalementétéproduits.D’unpointdevuepratique,ilssont
beaucoupplusdifficilesàobtenir.Eneffet,cesanimauxplusgrosproduisent
beaucoupmoinsd’ovulesquelasouris.Deplus,laréimplantationdes
embryonsdelamèreporteuseestplusdifficile.Leschancesderéussitesont
doncbeaucoupplusminces.
EXPOSÉDUPROBLÈME
Leoulesproblèmesassociésàl’octroidebrevetssurdesanimaux
transgéniquesrésultentdeplusieursdifficultésquel’onpeutregrouperentrois
grandescatégories.
Lapremièredecelles-cisesitueauniveaumêmeduprincipedel’octroid’un
brevetsurcegenred’invention.Commentconvaincrelesautoritésdes
Bureauxdesbrevetsdesdiverspaysdumondedufaitquedesanimaux
puissentfairel’objetd’unbrevetd’invention?
Ladeuxièmecatégorieregroupelesdifficultésdefond.Quevautréellement
laprotectionquel’onpeutobtenirsurdelamatièrevivante,danslamesure
oùcelle-ciestcapabledesereproduire.Commentpeut-onaussifournirune
descriptionsuffisantedel’invention,lorsqu’ils’agitd’unanimaldontla
génétiquepeutêtreextrêmementcomplexe.Or,unedesexigencesdebase
pourobtenirn’importequelbrevetestdefournirsuffisammentd’information
parécritpourpermettreàunetiercepersonnedereproduirel’invention.
Enfin,latroisièmecatégorieregroupelesdifficultésdeformeauxquellesles
praticiensdoiventfairefacepourobtenirunbrevet.
DIFFICULTÉDEPRINCIPE
Lepremieretnonlemoindreproblèmerencontréparlespraticiensen
matièredebrevetsdanslecasdesanimauxtransgéniquesest
essentiellementdevaincrelesréticencesdesautoritésdelaplupartdespays
dumondeàaccorderdesbrevetssurdesnouvellesvariétésd’espèces
supérieures.
Quellessontcesréticences?Selonnous,ellessontaunombredetrois.
Premièrement,ilyalatraditionjuridique.Lesdroitsdepropriétéintellectuelle
telsqu’onlesconnaîtontétéétablisverslemilieudu19e
siècle.Dansune
traditionjuridiquehéritéedudroitromain,onafaitimmédiatementune
distinctionconsidéréecommefondamentaleetinévitable:d’unepartles
personnes,d’autrepartleschoses.Lespersonnessonthorsducommerce;
ellesjouissentdedroitpropredontnotammentledroitdeposséderdes
choses.Leschosessedivisentquantàellesentrecellesditescommunesqui
appartiennentàtoutlemonde(l’air,l’eau,lesloisdelanature)etcellesque
l’onpeuts’approprier.Surcettebase,ilaététenupouracquisausiècle
dernierquetoutcequiétaitliéàl’humainouàsonespritétaitexcludela
brevetabilité.Étaientdoncexcluslesacteschirurgicaux,lesméthodesde
traitementducorpshumain,lesméthodesderaisonnement,lesjeuxde
société.Ceciesttoujoursenvigueurdanslaplupartdespaysdumonde.
Surleschosescommunes,commelesdécouvertesoulesloisdelanature,on
nepouvaitobtenirdemonopole.Parcontre,toutcequiconcernaitles
applicationsdecesdécouvertes,impliquantuneinterventionl’homme,était
protégeable.Dèsquel’hommeentraitdansleprocessuspourlemodifier,
c’étaitprotégeable.
Àcetteépoque,labiotechnologien’existaitpas.Évidemment,onsavaitdéjà
faireduvin,dupainoudufromage.Onsavaitcequec’étaitlalevure,mais
celle-ciétaitalorsconsidéréecommedelamatièreinerte.Ilétaitdonc
facilededistinguerentre,d’unepart,matièreinaniméeetmatièrevivanteet
entred’autrepart,choseetpersonne.
Lesautoritésdepratiquementtouslespaysontalorsimmédiatementtenu
pouracquisqu’uneinventionnepouvaitviserquedelamatièreinanimée,et
ontrefusédeprotégertoutcequitouchaitauvivant.Lesméthodesde
croisementdesanimauxoudesvégétauxetlesproduitsenrésultantontété
systématiquementexclusdelabrevetabilitépartout,bienqu’ilyaiteu
plusieurspaysquisesoientunpeudémarqués,commeleJaponet
l’Allemagne.Aprèsladeuxièmeguerremondiale,uneévolutions’est
toutefoisamorcée.CelaacommencéauxÉtats-Unis,oùlesprocédés
microbiologiquesontpuêtreprotégés;puisenEuropeavecl’élaborationde
laConventiondeStrasbourgen1963,etauxÉtats-UnisànouveauoùlaCour
Suprêmedecepaysen1980aétablidansl’affaireDiamondc.Chakrabarty
3
qu’unebactériemodifiéeétaitbrevetable.Letestalorssuggérépour
déterminersionaaffaireàune »invention »estdevérifierqu’ilyaeuune
interventionhumaine.S’ilyaunetelleintervention,l’inventionestbrevetable.
Suiteàcela,toujoursauxÉtats-Unis,plusieursdécisionsontsubséquemment
établiqu’uneplante
4étaitbrevetable,puisqu’unehuître5étaitbrevetable.
Enfin,ilyauladélivrancedubrevetsurlasouristransgéniqued’HARVARD.En
Europe,l’évolutionaétésimilaire.Ilyaquatreans,lebreveteuropéen
correspondantaubrevetaméricaindeHARVARDaétédélivré.AuCanada,
3
subnomineInReChakrabary(1979),201U.S.P.Q.352(C.C.P.A.);conf.à(1980),206U.S.P.Q.
193,447U.S.303(S.C.).
4ExParteHibberd(1985),277U.S.P.Q.443(B.P.A.I.).
5ExParteAllen(1987),2U.S.P.Q.(2d)1425(B.P.A.I.).
ilyeualadécisionReApplicationofAbitibiCo.6rendueparlaCommission
d’appelduBureaudesbrevetspuisladécisionPioneerHi-BredLtdc.Canada
(CommissionerofPatents)
7,oùnotreCourSuprêmes’estbienrefuséde
trancheretdejugersidelamatièrevivanteconstituaituneinvention
brevetableoupas.Àcesujet,notreexpérienceaveclestribunauxestla
suivante:sionlaisselamoindrechanceàunJugedenepasavoirà
prendrepartie,ilvalaprendre!NotreCourSuprêmeatrouvédanscette
affaireunautremotifderefuserlebrevet.Elleenaalorsprofitépournepas
répondreàlaquestionposéequantàlabrevetabilitéduvivant.
AuCanada,lapratiqueduBureaudesbrevets
8estderefuser
systématiquementtoutbrevetvisantdelamatièrevivantepluricellulaire,que
cesoidesplantesoudesanimaux.Iln’yatoutefoisaucunsupportréelpour
cettepratiquedanslaLoisurlesbrevetsnidanslajurisprudence,quiest
toujoursrestéeouvertequoiquetrèsévasiveàcesujet.
Nouspensonspersonnellementquelerefusdedélivrerdesbrevetssurdela
matièrevivanteprovientdel’idéepréconçuequiremonteauxoriginesdela
propriétéintellectuelle,queseulelamatièreinaniméepeutconstituerune
choseouunbien.Selonnous,iln’yaabsolumentaucuneincompatibilité
entrelesdroitsdepropriétéintellectuelleetl’objetdecesdroitslorsqu’ils’agir
dematièrevivante,mêmesupérieure.Ledroitclassiqueconsidèreles
animauxcommedeschosesqu’onpeuts’approprier.Danslamesureoùun
animalcréédetoutepièceparcroisementougéniegénétiquerépondaux
exigencesdelaLoipourêtrebrevetable,àsavoirêtrenouveauetavoirune
utilitépropreauniveauindustriel,commec’estlecasparexempledela
sourisHARVARD,riennedevraits’opposeràl’octroid’unbrevet.Àcesujet,le
raisonnementdelaCourSuprêmedesÉtats-Unis,dansl’affaireDiamondc.
Chakrabartyesttrèslogique:s’ilyaeuinterventionhumaineetl’inventionest
utile,elleestbrevetable.
Auniveauduprincipe,uneautreraisonquiajusqu’àprésentbloquél’octroi
debrevetsdanscedomaineest,ànotreavis,l’influencedesgroupesde
pression.Ceux-ciontuneinfluenceénormeaussibiensurnousàtitre
personnelquesurlelégislateur.Àcesujet,nousdevonsconstaterquetant
quelesinventionsqu’oncherchaitàprotégerétaientauniveau
microbiologique,aucunequestiondedroitoud’éthiquen’ajamaisété
soulevée.Unebactérieouunmicroben’ontjamaisémupersonne!Cen’est
6
(1982),62C.P.R.(2d)81(P.A.B.&Comm.).
7subnomineApplicationforPatentofPioneerHi-BredLtd.(1986),11C.P.R.(3d)311(P.A.B.&
Comm.);conf.à(1987),[1987]3C.F.8,77N.R.137,11C.I.P.R.165,14C.P.R.(3d)491(C.A.F.);
conf.à(1989),[1989]1R.C.S.1623,60D.L.R.(4th)223,97N.R.185,25C.I.P.R.1,25C.P.R.(3d)
257(C.S.C.).
8RecueildespratiquesduBureaudesbrevets,octobre1996,chapitre16.05.
toutefoispaslecasd’unepetitesouris.Desgroupesdepressionsesontdonc
constituéauxÉtats-Unisdèsladélivrancedubrevetsurlasouristransgénique
deHARVARDpours’opposeràladélivrancedetoutbrevetsurlesanimaux.Il
s’estpassélamêmechosedevantlaChambrederecoursdel’office
européendesbrevets.Dèsqu’onacommencéàparlerdepetitessouris,tout
lemondes’estmisàpleurer!
Lesmotivationsdecesgroupesdepressionsonttrèsdiverses.Ellespeuvent
êtrereligieuses,socialesouéconomiquesetmêlentsouventdesquestionsde
droitetd’éthique.Sicesmotivationssonttoutàfaitrespectablesetsiles
questionsposéesméritenteffectivementunetrèssérieuseréflexionauniveau
denotresociété,nouspensonsque,d’unepart,ellessontbiaiséespardela
sensiblerie-ànepasconfondreavecdelasensibilité-etd’autrepart,elles
n’ontrienàvoiraveclesdroitsdepropriétéintellectuelleetnotammentles
Loissurlesbrevetsdontlebutessentielestd’encouragerlarechercheet
d’assurerunedisséminationdel’informationpardespublications.
Certainssontd’avisqu’ilestillicited’accorderunmonopolesuruneespèce
animaleparcequecelaéquivautàs’approprierunélémentdelanature.
Misàpartlefaitquelesnouvellesespècesn’ontriendenaturel,qu’ya-t-il
d’illiciteàaccorderundroitdepropriétéàunepersonnesurunanimal?Ceci
estacceptédepuisqueledroitexiste,etmêmeavantqueledroitexiste,les
genss’accaparaientdesanimaux.Lesanimauxsontdetoutefaçonassimilés
àdesbiens.Lefaitquelasourisd’HARVARDaétécrééeparmanipulation
génétiquelarend-elledifférentedecellequel’onpeutacheterdansune
animalerie?
D’autressontd’avisqu’ilestilliciteetimmoraldecréerdetoutepiècedes
animauxmaladesoumaladaptésquinonseulementsouffrentmaisrisquent
des’échapperetdevenirunegravesourcedecontamination.Cerisqueest-
ilréellementintolérableetest-ilréellementimmoraldecréerdesanimaux
maladescommelasourisd’HARVARDsachantqu’ellevapermettre
d’accélérerdesrecherchespourletraitementcontrelecanceretdelà
réduirelaquantitéd’expériencesquiauraientdetoutefaçonéténécessaires
surdessourisoud’autresmammifèresqu’onauraitrendumaladespourles
faire.N’est-cepasunmalnécessairedontlecontrôledépendbeaucoup
plusdesautoritésréglementantlesessaisetlesrecherchessurlesanimaux,
quedecellesduBureaudesbrevetsdechaquepays.
Enfin,d’autressontd’avisquelefaitd’accorderdesbrevetssurlevivant
désacralisecelui-ci.Maisest-ilsimauvaisdelaisserpoursuivredesrecherches
danscedomaine,mêmesurl’Homme.Icionpeutfairel’analogieavecle
nucléaire:celanousaapportélabombeatomiquemaiscelanousa
égalementapportélamédecinedumêmenometdessourcesd’énergie
électrique.Enoutre,puisqu’onparled’éthiqueetdesacré,pourquoiune
souriscommecelled’HARVARD,quiestunbienenDroitetquis’avèreêtre
nouvelleetutile,nepourraitpasfairel’objetd’unmonopole.Personnedepuis
150ansn’avulemoindreproblèmed’éthiqueoudesacrilègeàaccorder
desbrevetssurdeshorreurs,dontl’utilité,quoiquefortclaire,noussemble
d’uneéthiqueassezdouteuse.Onobtientdesbrevetssansaucunproblème
surdesgazdecombatquituentlesgensenquelquessecondes,surdes
ballesplusperforantes,surdessystèmesdeguidageplusprécispourles
bombes.Oùestladistinction?Oùs’arrêtel’éthique?
Cecidit,ilestvraiqu’ilyadesquestionsfondamentalesquirestentsans
réponse.Ànotreavis,cesréponsessontduressortpolitiqueenfonctiond’un
consensusdanslapopulationplutôtqueduressortduBureaudesbrevetsou
desjugesdontlatâcheestd’interpréterlesLoistellesqu’ellessontetpastelles
quelesgensvoudraientqu’ellessoient.
Ilestcertainqu’ilesttrèsfacilepourlesgroupesdepressiondes’attaquervia
lesbrevetsàdegrossessociétésoudesUniversitésquifontdelarecherche
surlesanimauxtransgéniques.Ilyatrèspeuderépondants,celafait
beaucoupdepublicitéetesttrèsfaciledes’attirerlasympathiedupublic
contreles »vilainsméchants »quirendentmaladesdespetitessourisetqui,en
plus,obtiennentdesbrevets,cequipourMonsieur »toutlemonde »signifie
qu’ilaforcémentbeaucoupd’argentàgagner.Iln’yacertainementpas
beaucoupderisqueàfairecela.Enfait,ilyenabeaucoupmoinsquede
s’attaqueràd’autresproblèmesd’éthiquetoutaussiimportantsmais
défenduspard’autresgroupesdepression.Onaqu’àvoirleproblèmede
l’avortement,oùdesgroupesdepressionsopposéessebattentl’uncontre
l’autreavecunacharnementféroce.
Toutefois,prohiberladélivrancedebrevetsdanscedomaineneréglerarien
auxproblèmesd’éthiquequ’ilpeutyavoir.Ainsi,lefaitd’empêcherla
délivrancedebrevetsdanscedomainen’empêcherapasdessociétésou
desuniversitésdefairepoursuivreleursrecherches.Ellesnedéposerontplus
desbrevetsqui,deparlapublication,rendentl’informationdisponibleàtout
lemonde.Ellesseprotégerontalorsparlavoiedesecretsdefabrique,cequi
augmenterad’autantlesrisquespourlasociété,puisquenousn’auronsplus
accèsàl’information.Siunproduitestintéressantilseracommercialisé,que
desbrevetssoientdélivrésounon.Eneffet,lebrevetn’estpasunpermisde
commercialiserunproduitmaisuntitrepermettantàsonpropriétaire
d’empêcherunautredecommercialiserlemêmeproduit.Leproblèmeetles
risquesserontdonctoujourslà,detoutefaçon.Alorspourquoifaireune
discriminationauniveaudecequ’onpeutbreveter.Qu’onoublielaLoisur
lesbrevets,c’estpassonrôledetraiterd’éthique.Qu’onlamodifiesil’on
veut,maisqu’onnedemandepasauxagentsdebrevetsouaux
examinateursdedéterminercequiest »éthique »ounon.
DIFFICULTÉSDEFOND
Lesdifficultésdefondàbreveterunanimaltransgéniquesontdedeuxordres.
Lapremièreestlasuivante:enassumantquel’onobtienneunbrevetsurun
animal,vousassure-t-ilréellementd’uneprotectionalorsquel’onsaitque
l’animalbreveté,deparsanatureestcapabledesereproduireavecses
congéneres.Ilsuffitpouruncontrefacteurd’accouplerl’animalpourenavoir
d’autressimilaires.Cettetechnique,dereproductionconsistantà »fairele
sexe »n’estpasbrevetablecarelleestdansledomainepublicdepuisdes
millénaires.Seulsdesvantardsnoncrédiblesprétendentencoreaujourd’hui
innoverdanscedomaine!
Unefoisqu’onaachetélasourisHARVARDetqu’onlalaissesereproduire,
quevautdonclaprotectiondubrevet.L’agentdebrevetsaméricainquia
rédigélebrevetdeHARVARDatentéderemédieràceproblèmeen
revendiquantlasouristransgéniquetellequ’obtenueparmanipulation
génétique,ouissued’unesourisquiauraitainsiétéobtenueparmanipulation
génétique.Maisqu’est-cequecelavautd’unpointdevuepratique?Ilya
unréelproblèmed’épuisementdudroit.Ceproblèmen’estpas
exclusivementliéauvivant.Onalemêmeproblème,parexemple,pourles
logicielsd’informatique.Dupointdevuedudroit,laseulesolutionàce
problèmeest,selonnouscontractuelle.
Lasecondedifficultédefondquenousvoyonsestladifficultéàsatisfaire
l’exigencedesuffisancededescription.Pouravoirunbrevetvalide,ilfaut
fournirunedescriptiondel’inventionquisoitsuffisammentclaireetprécise
pourpermettreàunhommedemétierdelareproduire.Parhommede
métier,onentendunspécialistedanslemêmedomaine.Tantquec’estune
piècedemécaniqueouunproduitdeformulechimiquesimple,ilestfacile
deledécrire.Quandonarriveàlamatièrevivante,mêmeauniveaudes
souchesmicrobiologiques,c’estdéjàbeaucouppluscompliqué.Ilyades
mutationsquipeuventsurvenir,etlastructuredesbactériesestextrêmement
compliquéeàdécrire.Lasimpleidentificationd’ungènepeutexigerdes
pagesetdespagesdelistinginformatique.Alors,commentfaire?Auniveau
microbiologique,ilexisteunTraitéditdeBudapestquirègleleproblème.Les
paysmembresdeceTraitésesontmisd’accordpourlacréationde
Collectionsdeculturesoùl’onpeutdéposerlesnouvellessouches
microbiologiquesquel’onchercheàbreveter.Cedépôttientlieude
« description »dessouches.Lesautoritésconcernéesetlestiers,moyennantun
certainnombredeconditions,peuventavoiraccèsàcessouchesenvue
d’envérifierlespropriétésoudefairedesrecherches.Unteldépôtprouve
doncquel’inventionabienétéconçueetestdisponible,cequisatisfaitau
critèredesuffisancededescription.Cecin’existetoutefoisquepourles
souchesmicrobiologiques.Iln’yaencemomentriendeprévupourledépôt
dematièresvivantespluricellulaires.
Leproblèmequel’onpeutdoncrencontreretquiaétésoulevéparlaCour
SuprêmeduCanadadansl’affairePioneerHi-Bred,estdoncdedécrire
l’inventionavecsuffisammentdedétailpourpouvoirlareproduire,
notammentlorsquecelle-ciaétéobtenuedecroisementsélectif.Lesjuges
ontestiméquetoutcroisementsélectifimpliqueuncertaindegrédechance.
Quelqu’und’autrequiessayeraitlemêmecroisementn’arriverapas
forcémentaumêmerésultat.Onnepeutdoncpasaccorderdebrevetdans
cecaspuisqueladescriptionestinsuffisantepourreproduirel’invention.
DIFFICULTÉSDEFORME
Ladernièrecatégoriededifficultésquenousvoyonsàl’obtentiond’une
protectionsurlevivantsesitueauniveaudelarédactiondubrevet,c’est-à-
direauniveaudel’agentdebrevets.Cesontdesdifficultésdeforme.
Leproblèmesesituesurtoutauniveaudelarédactiondesrevendications.
Lesrevendicationsdubrevetconstituentlapartiejuridiquedecelui-ci:c’est
la »clôture »délimitantlapropriété!Ellesdoiventêtrerédigéesdefaçonà,
d’unepart,clairementdistinguerl’inventiondecequiexistedéjàet,d’autre
part,couvrirtouslesaspectsdecelle-ci.Lafaçonhabituelledeprotégerun
produitestdeledéfinirparsastructure,sespropriétésousonprocédé
d’obtention.
Danslecasoùl’inventionestdelamatièrevivantecomme,parexemple,la
souristransgéniquedeHARVARD,onnepeutdéfinirsastructurequesil’on
connaîtlesgènesquiontétéintroduitsoumodifiés.Ceciestlecasdansce
brevetparticuliermaiscelapeutêtreextrêmementdifficilepournepasdire
impossibledanscertainsautrescas.
Onpeutalorstenterderéciterlespropriétésdel’invention.Ainsi,parexemple,
onpourraitdéfinirlasouriscommeétantcancéreusedèssanaissance.
Commenttoutefoisdistinguerlasouristransgéniquedecellesquiontattrapé
lecancerdefaçon »naturelle ».Lessouris »normales »(nonmanipulées)
peuventégalementêtremaladesetcancéreuses.Commentfait-onalors
pourlesdistinguer?
Onpeutenfintenterdedéfinirl’inventionparsonprocédédepréparation.
C’esthabituellementleplussimple,maisontombeànouveausurun
problèmed’épuisementdudroit.Sil’ondéfinitlasouriscommeayantété
obtenueparmanipulationgénétique,c’esttrèsclairmaiscelacouvre-t-illes
générationssubséquentesoùlessourisontétéreproduitespar
accouplement.Onpeutalorstenterdecouvrirl’animalentantquetel,etsa
descendance.C’estcequ’aessayédefaireHARVARD.Onpeutégalement
tenterdecouvrirleprocédédemanipulationgénétiqueutilisé,s’ilestoriginal;
legèneintroduit,sisastructureestconnue;leprocédéd’obtentiondece
gène;etlesvecteursutiliséspourintroduirelegène.Onpeuttenterausside
couvrirl’usagedel’invention.Bref,toussesdiversaspects!Danschaquecas,
ilfautdoncadapterlesrevendicationsenfonctiondel’informationqueles
chercheurspeuventavoirenmainaumomentoùlebrevetestdéposé.
CONCLUSION
Commeonpeutdonclevoir,lesproblèmessontnombreuxetloind’être
réglés.
Jusqu’àprésent,l’auteurduprésentarticlepensaitnaïvementquepour
pouvoirêtreunbonpraticienenmatièredebrevets,ilfallaitavoiràlafois
unebonneformation »technique »etunebonneformationjuridique.Bref,être
àlafoisingénieuroutechnicien,etavocatoulicenciéenDroit!Ilsemble
toutefoisquececinesoitplussuffisant.Ilfautdésormaisavoiraussicompléter
soncoursdephilosophie,envuedepouvoirdiscuterduprincipedel’octroi
desbrevetsetdesproblèmesd’éthiquequecelapeutengendrer.Ilnenous
resteplusqu’àretournerauxétudes.Ettoutçapourunepetitesouris!!!
ROBIC,ungrouped’avocatsetd’agentsdebrevetsetdemarquesdecommercevoué
depuis1892àlaprotectionetàlavalorisationdelapropriétéintellectuelledanstousles
domaines:brevets,dessinsindustrielsetmodèlesutilitaires;marquesdecommerce,marques
decertificationetappellationsd’origine;droitsd’auteur,propriétélittéraireetartistique,droits
voisinsetdel’artisteinterprète;informatique,logicielsetcircuitsintégrés;biotechnologies,
pharmaceutiquesetobtentionsvégétales;secretsdecommerce,know-howet
concurrence;licences,franchisesettransfertsdetechnologies;commerceélectronique,
distributionetdroitdesaffaires;marquage,publicitéetétiquetage;poursuite,litigeet
arbitrage;vérificationdiligenteetaudit;etce,tantauCanadaqu’ailleursdanslemonde.La
maîtrisedesintangibles.
ROBIC,agroupoflawyersandofpatentandtrademarkagentsdedicatedsince1892tothe
protectionandthevalorizationofallfieldsofintellectualproperty:patents,industrialdesigns
andutilitypatents;trademarks,certificationmarksandindicationsoforigin;copyrightand
entertainmentlaw,artistsandperformers,neighbouringrights;computer,softwareand
integratedcircuits;biotechnologies,pharmaceuticalsandplantbreeders;tradesecrets,
know-how,competitionandanti-trust;licensing,franchisingandtechnologytransfers;e-
commerce,distributionandbusinesslaw;marketing,publicityandlabelling;prosecution
litigationandarbitration;duediligence;inCanadaandthroughouttheworld.Ideaslive
here.
COPYRIGHTER
IDEASLIVEHERE
ILATOUTDEMÊMEFALLUL’INVENTER!
LAMAÎTRISEDESINTANGIBLES
LEGERROBICRICHARD
NOSFENÊTRESGRANDESOUVERTESSURLEMONDEDESAFFAIRES
PATENTER
R
ROBIC
ROBIC+DROIT+AFFAIRES+SCIENCES+ARTS
ROBIC++++
ROBIC+LAW+BUSINESS+SCIENCE+ART
THETRADEMARKERGROUP
TRADEMARKER
VOSIDÉESÀLAPORTÉEDUMONDE,DESAFFAIRESÀLAGRANDEURDELAPLANÈTE
YOURBUSINESSISTHEWORLDOFIDEAS;OURBUSINESSBRINGSYOURIDEASTOTHEWORLD